Moussa Ould Khairy, Président de FC Tevragh Zeina à RimSport.net : ‘’Au-delà des polémiques et des contestations contre les arbitres (...) C’est surtout la dimension symbolique du fair-play qui devait être préservée ( ...)

Dans une interview exclusive accordée à RimSport.net, M.Moussa Ould Khaïry, président de FC Tevragh Zeïna dénonce la partialité des arbitres lors des chocs face au FC Nouadhibou et remet en cause le choix de Medjiba au sein du département arbitrage. Dans la foulée, Moussa Ould Khaïry précise qu’Ahmed Ould Yahya et lui ne sont pas des ‘’ennemis’’ mais sont’’ opposés dans les idées’’.
Prônant une révision des règles régissant l’élection du président de la FFRIM, l’ex vice président de la fédération recommande enfin aux sélectionneurs nationaux de prêter attention aux joueurs locaux.

RimSport.net : La prestation du quatuor féminin lors du classico ayant opposé FC Tevragh Zeïna au FC Nouadhibou a soulevé une vive polémique qui a enflé suite au quart de finale de la Coupe du président. Au FC Tevragh Zeïna, on continue de ruminer une grosse colère contre non seulement le quatuor mais aussi contre l’arbitre international Dahane Beïda en jugeant partiale leur prestation. Au delà de la défaite amère face à votre grand rival, que reprochez-vous aux officiels de ces deux rencontres ?


Moussa Khairy : Je remercie votre site pour les efforts qu’il fournit pour renseigner, informer et accompagner le développement du sport sur le plan national et particulièrement le football. Pour revenir à votre question, en vingt ans de Présidence de clubs, je n’ai jamais parlé publiquement de l’arbitrage, considérant qu’il est facile de taper sur les arbitres pour une équipe perdante. Je pesais toujours le pour et le contre parce qu’en définitive l’arbitre est une personne et peut commettre des erreurs. Seulement cette fois-ci le vase a réellement débordé et c’est trop. J’estime que la gestion arbitrale de notre rencontre avec le FC Nouadhibou a été catastrophique.
Voyez-vous, s’il s’agissait d’une faute ou deux, on serait peut-être dans le doute au bénéfice des arbitres. Malheureusement pour les arbitres (un quatuor féminin), il s’agit de quatre fautes, dont deux à l’origine des deux buts de FC Nouadhibou. Une faute au départ sur notre latéral gauche, Demba Traoré, qu’elles ont omis de siffler. Plus loin, une faute imaginaire, presque dans notre surface de réparation et transformée en but par FC Nouadhiboun. Le deuxième forfait commis, un hors-jeu clair et net. Tous les spectateurs présents ce jour là vous le diront. Un but honteux accordé à FC Nouadhibou. Les faits sont têtus. In- fine, deux penaltys non sifflés en notre faveur. Ce ne sont pas des allégations, ce sont des faits réels. Les vidéos sont disponibles et à votre disposition.
Au-delà des polémiques et des contestations contre les arbitres, on doit se dire la vérité. Il ne s’agit pas du résultat d’un match, même si en vérité, FC Nouadhibou n’avait pas besoin de ça pour finir en tête du championnat. Elle allait l’être de toute façon, vu l’avantage en termes de points engrangés au cours du marathon saisonnier. C'est surtout la dimension symbolique du fair-play qui devait être préservée. Il s’agit du labeur de tout un groupe, entraîneurs, joueurs et dirigeants qui se battent et se défoncent, financent beaucoup d’argent, pour compétir. C'est ça qui a été balayé par des fautes graves d'arbitrage.
Pourtant, il ne s’agit que d’un jeu et cela devait rester un jeu à ne pas pervertir. Dévoyer tout ça pour l’intérêt d'une équipe, de la part d’arbitres censés être au service du sport, c'est décevant. Je ne suis pas le dernier venu et je sais comment fonctionne l’arbitrage sur le plan continental et local.
Tout ça pour vous dire que je suis très gêné qu’il s’agisse ici d’un quatuor féminin. Cependant, je dénonce avec la dernière énergie ce genre de fautes graves qui ont une incidence directe sur les résultats que nos jeunes sont en droit d’attendre après tant d'efforts, de travail et de préparation. Seul le mérite devrait prévaloir. La triche et le détournement des résultats sont des actes frustrants, surtout pour des jeunes qui ont travaillé dur. Nous sommes censés leur inculquer les valeurs d’honnêteté, d’abnégation, de don de soi et la récompense à la sortie. C’est justement le rôle de tout arbitre de veiller au strict respect des règlements qui régissent le football. Il y va de leur honneur et de leur réputation, car l’histoire est en fin de compte le Grand Arbitre. C’est elle qui sépare les bonnes graines de l'ivraie.
Chassez le naturel !
Décidément quand vous jouez contre FC Nouadhibou vous jouez contre les arbitres aussi. La preuve que l'on nous refait le même coup de la semaine passée cette fois en quart de finale de la coupe nationale avec un penalty flagrant refusé par un soit disant arbitre international ! Et, comme le dit si bien un adage bien de chez nous que " Quand le cri vient de la montagne où faut-il fuir "?
J'appelle les présidents des clubs à se mobiliser massivement contre ce genre de pratiques avec lesquelles il ne sert à rien de continuer à compétir .

Pensez-vous que les arbitres sont ‘’instruits ‘’contre FC Tevragh Zeina ?

Je n’irai pas jusqu’à là. Toutefois, par rapport à ce match les faits sont clairs et nets pour tout le monde. J’ajoute que les contestations de l’arbitrage sont monnaie courante pour toutes les équipes quand il s’agit d’un match contre F C Nouadhibou. A partir de là vous pouvez vous faire votre propre idée ?

Depuis l’arrivée à la tête du département arbitrage de Rachid Medjiba, certains arbitres sont sans cesse mis à la touche par ledit département sans que des faits quelconques leur soient reprochés. Les protestations ne cessent de pleuvoir contre le premier responsable pour sa gestion laxiste voire douteuse. Qu’est ce que cela vous inspire ? Comment évaluez-vous la gestion actuelle des arbitres?

Parlons-en. Monsieur Rachid Medjiba est un ancien arbitre algérien dont la carrière n'est pas des plus reluisantes et j’ai du mal à comprendre comme beaucoup de responsables à comprendre que l'on l'appelle pour superviser l'arbitrage dans notre pays. Déjà pour moi, Il s'agit d'un manque de respect pour les grands noms de l’arbitrage dans notre qui sont légion et qui ont fait leurs preuves. On citer Idrissa Sarr, Lemghaivri, Moussa Seck, Sow, Abeidi, Mountaga, Lemghambodj et bien d’autres. Pourquoi ne pas faire appel à eux au lieu d'un étranger déconnecté des réalités de notre pays et objet de suspicion. BIZARRE... C’est tout simplement incompréhensible surtout que depuis sa désignation à la tête de cette commission les contestations n’ont jamais cessé. Je considère que c’est du mépris qui s’ajoute à l’ignorance totale de la Fédération pour les compétences nationales dans d’autres domaines.

Selon vous, les règlements régissant l’élection du président de la FFRIM doivent-ils être maintenus ou révisés ?

Ecoutez, il s'agit d'une question pertinente et intéressante. Dites-moi est ce que quelqu'un était capable de se présenter pour la présidence de la Fédération Mauritanienne de Football. Je vous dirais sans détour NON. Pourquoi? C'est tout simple parce que le président actuel de la fédération, lors de la fameuse réunion de la honte des présidents de ligues régionales à Kiffa a fait signer un papier leur interdisant de mandater tout autre candidat que lui. Alors vous comprenez certainement mieux pourquoi personne ne s'est présenté contre lui. Dans tous les pays du monde, les élections sont ouvertes à tous les citoyens et même les présidentielles. C'est vous dire que l'alternance permet d'éviter l'usure du pouvoir et c'est le cas de la fédération actuelle.
Pour revenir à votre question, les textes régissant l’élection du Président de la Fédération Mauritanienne de Football doivent être révisés parce qu’ils sont cadenacés et ne permettent d’élections démocratiques. Les voix des clubs de deuxième division et même de troisième division doivent leur être restitués parce que ce sont des acteurs du football et ne doivent pas être mis à l’écart de la gestion du football. Ce sont là des vérités que certains ne veulent pas entendre… mais la santé du football dans notre pays en dépend ainsi qu’une alternance saine.

En décembre dernier, dix clubs de Super D1 sur les quatorze avaient désapprouvé la décision de la Ligue nationale d’arrêter unilatéralement le championnat. Écœurés depuis un certain temps, les clubs avaient exprimé leur raz le bol dans une correspondance adressée au président de la FFRIM en se plaignant de‘’ la manière dont le championnat de la Super D1 est géré actuellement. Que leur reprochez-vous ? Quelles propositions formulez-vous ?

Vous savez ce sont les clubs qui disputent le championnat pour faire évoluer notre football. Notre protestation devant la décision de la ligue nationale était une manière de montrer à la fédération que le football ne peut pas exister sans les clubs. Nous avons protesté contre les décisions unilatérales qui nous engagent et qui sont prises sans nous. Ce collectif de dix clubs de la Super DI n’a pas accepté qu’un calendrier lui soit imposé. Ce que nous voulons c’est être associés aux décisions qui nous concernent.

Vous avez été vu récemment en compagnie du Président de la Fédération Mauritanienne de Football ,lors de la finale du Beach soccer. Cette apparition a suscité beaucoup de débats sur votre opposition notamment sur les réseaux sociaux. Quel est votre commentaire ?

Tout d’abord, je tiens à remettre les faits dans leur réalité par rapport à ma présence. Comme acteur du football, j’ai été invité par les organisateurs de cette finale et comme d’habitude j’ai accepté parce que j’aime le sport. Il se trouve que le Président de la Fédération Mauritanienne de Football était lui aussi présent et nous nous sommes assis côte à côte et nous avons échangé. Je tiens ici à préciser qu’Ahmed Ould Yahya et moi ne sommes pas des ennemis. Nous avons d’ailleurs beaucoup de liens qui nous lient en dehors du football et nous nous entendons bien. Cependant, nous sommes opposés dans les idées parce que j’ai ma propre vision de la gestion du football et cela rien ne peut le changer. J’espère avoir été clair parce que je continuerai à défendre mes idées pour le bien de notre football.

Comment jugez-vous l’apport des joueurs expatriés au sein des Mourabitounes ? Doit-on mettre en place un quota ?

Très sincèrement, je dirais que l’apport des joueurs expatriés pour les équipes nationales est important. C’est vrai qu’ils constituent une valeur ajoutée pour ceux parmi eux qui évoluent dans des championnats de valeur et qui ont des temps de jeu. Ce n’est malheureusement le cas pour tous ceux qui sont appelés dans nos équipes nationales. Donc je reviendrai pour dire qu’il est important mais il ne doit fait au détriment des joueurs locaux. Ce sont ces derniers qui constituent les valeurs sûres pour notre football et ils doivent avoir plus d’attention. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il faut instaurer des quotas mais les sélectionneurs doivent prêter plus attention aux joueurs locaux en supervisant les matchs de championnats parce que les villégiatures en Europe ne ramènent souvent que des joueurs de seconde zone.

Recueillis par THIAM Mamadou